Le Chemin Écriture du Spiritisme Chrétien.
Doctrine spirite - 1re partie. ©

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Le Spiritisme à sa plus simple expression.

(Langue portugaise)

Historique du Spiritisme.

1. — Vers 1848, l’attention fut appelée, aux États-Unis d’Amérique, sur divers phénomènes étranges, consistant en bruits, coups frappés et mouvements d’objets sans cause connue. Ces phénomènes avaient souvent lieu spontanément, avec une intensité et une persistance singulières ; mais on remarqua aussi qu’ils se produisaient plus particulièrement sous l’influence de certaines personnes, que l’on désigna sous le nom de médiums, et qui pouvaient en quelque sorte les provoquer à volonté, ce qui permit de répéter les expériences. On se servit surtout pour cela de tables ; non que cet objet soit plus favorable qu’un autre, mais uniquement parce qu’il est mobile, plus commode, et qu’on s’assied plus facilement et plus naturellement autour d’une table qu’autour de tout autre meuble. On obtint de cette manière la rotation de la table, puis des mouvements en tous sens, des soubresauts, des renversements, des soulèvements, des coups frappés avec violence, etc. C’est le phénomène qui fut désigné, dans le principe, sous le nom de tables tournantes ou danses des tablesn

Jusque-là le phénomène pouvait parfaitement s’expliquer par un courant électrique ou magnétique, ou par l’action d’un fluide inconnu, et ce fut même la première opinion que l’on s’en forma. Mais on ne tarda pas à reconnaître, dans ces phénomènes, des effets intelligents ; ainsi le mouvement obéissait à la volonté ; la table se dirigeait à droite ou à gauche vers une personne désignée, se dressait au commandement, sur un ou deux pieds, frappait le nombre de coups demandés, battait la mesure, etc. Il demeura dès lors évident que la cause n’était pas purement physique, et d’après cet axiome que : Si tout effet a une cause, tout effet intelligent doit avoir une cause intelligente, on conclut que la cause de ce phénomène devait être une intelligence.


2. — Quelle était la nature de cette intelligence ? Là était la question. La première pensée fut que ce pouvait être un reflet de l’intelligence du médium ou des assistants, mais l’expérience en démontra bientôt l’impossibilité, parce qu’on obtint des choses complètement en dehors de la pensée et des connaissances des personnes présentes, et même en contradiction avec leurs idées, leur volonté et leur désir ; elle ne pouvait donc appartenir qu’à un être invisible. Le moyen de s’en assurer était fort simple : il s’agissait d’entrer en conversation avec cet être, ce que l’on fit au moyen d’un nombre de coups de convention signifiant oui ou non, ou désignant les lettres de l’alphabet, et l’on eut, de cette manière, des réponses aux diverses questions qu’on lui adressait. C’est le phénomène qui fut désigné sous le nom de tables parlantes. Tous les êtres qui se communiquèrent de cette façon, interrogés sur leur nature, déclarèrent être Esprits et appartenir au monde invisible. Les mêmes effets s’étant produits dans un grand nombre de localités, par l’entremise de personnes différentes, et étant d’ailleurs observés par des hommes très sérieux et très éclairés, ce n’était pas possible que l’on fût le jouet d’une illusion.


3. — De l’Amérique, ce phénomène passe en France et dans le reste de l’Europe où, pendant quelques années, les tables tournantes et parlantes furent à la mode, et devinrent l’amusement des salons, puis, quand on en eut assez, on les laissa de côté pour passer à une autre distraction.

Le phénomène ne tarda pas à se présenter sous un nouvel aspect, qui le fit sortir du domaine de la simple curiosité. Les bornes de cet abrégé ne nous permettant pas de le suivre dans toutes ses phases, nous passons, sans autre transition, à ce qu’il offre de plus caractéristique, à ce qui fixa surtout l’attention des gens sérieux.


4. — Disons préalablement, en passant, que la réalité du phénomène rencontra de nombreux contradicteurs ; les uns, sans tenir compte du désintéressement et de l’honorabilité des expérimentateurs, n’y virent qu’une jonglerie, un habile tour d’escamotage. Ceux qui n’admettent rien en dehors de la matière, qui ne croient qu’au monde visible, qui pensent que tout meurt avec le corps, les matérialistes, en un mot ; ceux qui se qualifient d’esprits forts, rejetèrent l’existence des Esprits invisibles au rang des fables absurdes ; ils taxèrent de folie ceux qui prenaient la chose au sérieux, et les accablèrent de sarcasmes et de railleries. D’autres ne pouvant nier les faits, et sous l’empire d’un certain ordre d’idées, attribuèrent ces phénomènes à l’influence exclusive du diable, et cherchèrent par ce moyen, à effrayer les timides. Mais aujourd’hui la peur du diable a singulièrement perdu de son prestige ; on en a tant parlé, on l’a peint de tant de façons, qu’on s’est familiarisé avec cette idée, et que beaucoup se sont dit qu’il fallait profiter de l’occasion pour voir ce qu’il est réellement. Il en est résulté, qu’à part un petit nombre de femmes timorées, l’annonce de l’arrivée du vrai diable avait quelque chose de piquant pour ceux qui ne l’avaient vu qu’en peinture ou au théâtre ; elle a été pour beaucoup de gens un puissant stimulant, de sorte que ceux qui ont voulu, par ce moyen, opposer une barrière aux idées nouvelles, ont été contre leur but, et sont devenus, sans le vouloir, des agents propagateurs d’autant plus efficaces qu’ils ont crié plus fort. Les autres critiques n’ont pas eu plus de succès, parce que, à des faits constatés, à des raisonnements catégoriques, ils n’ont pu opposer que des dénégations. Lisez ce qu’ils ont publié, partout vous trouverez la preuve de l’ignorance et de l’inobservation sérieuse des faits, et nulle part une démonstration péremptoire de leur impossibilité ; toute leur argumentation se résume ainsi : “Je ne crois pas, donc cela n’est pas, tous ceux qui croient sont des fous, nous seuls avons le privilège de la raison et du bon sens.” Le nombre des adeptes faits par la critique sérieuse ou bouffonne est incalculable, parce que partout on n’y trouve que des opinions personnelles, vides de preuves contraires. Poursuivons notre exposé.


5. — Les communications par coups frappés étaient lentes et incomplètes ; on reconnut qu’en adaptant un crayon à un objet mobile : corbeille, planchette ou autre sur lequel on posait les doigts, cet objet se mettait en mouvement et traçait des caractères. Plus tard on reconnut que ces objets n’étaient que des accessoires dont on pouvait se passer ; l’expérience démontra que l’Esprit, agissant sur un corps inerte pour le diriger à volonté, pouvait agir de même sur le bras ou la main pour conduire le crayon. On eut alors des médiums écrivains, c’est-à-dire des personnes écrivant d’une manière involontaire sous l’impulsion des Esprits, dont elles se trouvaient être ainsi les instruments et les interprètes. Dès ce moment, les communications n’eurent plus de limites, et l’échange des pensées put se faire avec autant de rapidité et de développement qu’entre vivants. C’était un vaste champ ouvert à l’exploration, la découverte d’un monde nouveau : le monde des invisibles, comme le microscope avait fait découvrir le monde des infiniment petits.


6. — Que sont ces Esprits ? Quel rôle jouent-ils dans l’univers ? Dans quel but se communiquent-ils aux mortels ? Telles sont les premières questions qu’il s’agissait de résoudre. On sut bientôt par eux-mêmes, que ce ne sont point des êtres à part dans la création, mais les propres âmes de ceux qui ont vécu sur la terre ou dans d’autres mondes ; que ces âmes, après avoir dépouillé leur enveloppe corporelle, peuplent et parcourent l’espace. Il ne fut plus permis d’en douter quand on reconnut dans le nombre ses parents et ses amis, avec lesquels on put s’entretenir ; quand ceux-ci vinrent donner la preuve de leur existence, démontrer qu’il n’y a de mort en eux que le corps, que leur âme ou Esprit vit toujours, qu’ils sont là, près de nous, nous voyant et nous observant comme de leur vivant entourant de leur sollicitude ceux qu’ils ont aimés, et dont le souvenir est pour eux une douce satisfaction.

On se fait généralement des Esprits une idée complètement fausse ; ce ne sont pas, comme beaucoup se les figurent des êtres abstraits, vagues et indéfinis, ni quelque chose comme une lueur ou une étincelle, ce sont, au contraire, des êtres très réels, ayant leur individualité et une forme déterminée. On peut s’en faire une idée approximative par l’explication suivante :


7. — Il y a en l’homme trois choses essentielles :

L’âme ou Esprit, principe intelligent en qui résident la pensée, la volonté et le sens moral ;

Le corps enveloppe matérielle, lourde et grossière, qui met l’Esprit en rapport avec le monde extérieur ;

Le périsprit, enveloppe fluidique, légère, servant de lien et d’intermédiaire entre l’Esprit et le corps. Lorsque l’enveloppe extérieure est usée et ne peut plus fonctionner, elle tombe et l’Esprit s’en dépouille comme le fruit de sa coque, l’arbre de son écorce : en un mot comme on quitte un vieil habit hors de services ; c’est ce qu’on appelle la mort.


8. — La mort n’est donc pas autre chose que la destruction de la grossière enveloppe de l’Esprit : le corps seul meurt l’Esprit ne meurt pas. Pendant la vie l’Esprit est en quelque sorte comprimé par les liens de la matière à laquelle il est uni, et qui souvent paralyse ses facultés ; la mort du corps le débarrasse de ses liens ; il s’en dégage et recouvre sa liberté, comme le papillon en sortant de sa chrysalide ; mais il ne quitte que le corps matériel ; il conserve le périsprit qui constitue pour lui une sorte de corps éthéré, vaporeux, impondérable pour nous et de forme humaine, qui parait être la forme type. Dans son état normal, le périsprit est invisible, mais l’Esprit peut lui faire subir certaines modifications qui le rendent momentanément accessible à la vue et même au toucher, comme cela a lieu pour la vapeur condensée ; c’est ainsi qu’ils peuvent quelquefois se montrer à nous dans des apparitions. C’est à l’aide du périsprit que l’Esprit agit sur la matière inerte, et produit les divers phénomènes de bruit, de mouvement, d’écriture, etc.


9. — Les coups et les mouvements sont, pour les Esprits, des moyens d’attester leur présence et d’appeler sur eux l’attention, absolument comme lorsqu’une personne frappe pour avertir qu’il y a quelqu’un. Il en est qui ne se bornent pas à des bruits modérés, mais qui vont jusqu’à faire un vacarme pareil à celui de la vaisselle qui se brise, de portes qui s’ouvrent et se ferment, ou de meubles que l’on renverse.

A l’aide des coups et des mouvements de convention, ils ont pu exprimer leurs pensées, mais l’écriture leur offre le moyen complet, le plus rapide et le plus commode ; aussi est-ce celui qu’ils préfèrent. n Par la même raison qu’ils peuvent faire former des caractères, ils peuvent guider la main pour faire tracer des dessins, écrire de la musique, exécuter un morceau sur un instrument, en un mot, à défaut de leur propre corps, qu’ils n’ont plus, ils se servent de celui du médium pour se manifester aux hommes d’une manière sensible.

Des Esprits peuvent encore se manifester de plusieurs manières, entre autres par la vue et par l’audition. Certaines personnes, dites médiums auditifs, ont la faculté de les entendre, et peuvent ainsi converser avec eux ; d’autres les voient : ce sont les médiums voyants. Les Esprits qui se manifestent à la vue se présentent généralement sous une forme analogue à celle qu’ils avaient de leur vivant, mais vaporeuse ; d’autres fois, cette forme a toutes les apparences d’un être vivant, au point de faire complètement illusion, et qu’on les a quelquefois pris pour des personnes en chair et en os, avec lesquelles on a pu parler et échanger des poignées de mains, sans se douter qu’on avait affaire à des Esprits, autrement que par leur disparition subite.

La vue permanente et générale des Esprits est fort rare, mais les apparitions individuelles sont assez fréquentes, surtout au moment de la mort ; l’Esprit dégagé semble se hâter d’aller revoir ses parents et ses anus, comme pour les avertir qu’il vient de quitter la terre et leur dire qu’il vit toujours.

Que chacun recueille ses souvenirs, et l’on verra combien de faits authentiques de ce genre, dont on ne se rendait pas compte, ont eu lieu non seulement la nuit, pendant le sommeil, mais en plein jour et à l’état de veille le plus complet. Jadis on regardait ces faits comme surnaturels et merveilleux, et on les attribuait à la magie et à la sorcellerie ; aujourd’hui les incrédules les mettent sur le compte de l’imagination ; mais depuis que la science spirite en a donné la clef, on sait comment ils se produisent, et qu’ils ne sortent pas de l’ordre des phénomènes naturels.


10. — On croit encore que les Esprits, par cela seul qu’ils sont Esprits, doivent avoir la souveraine science et la souveraine sagesse : c’est une erreur que l’expérience n’a pas tardé à démontrer. Parmi les communications données par les Esprits, il y en a qui sont sublimes de profondeur, d’éloquence, de sagesse, de morale, et ne respirent que la bonté et la bienveillance; mais, à côté de cela, il y en a de très vulgaires, de légères, de triviales, de grossières même, et par lesquelles l’Esprit révèle les instincts les plus pervers. Il est donc évident qu’elles ne peuvent émaner de la même source, et que, s’il y a de bons Esprits, il y en a aussi de mauvais. Les Esprits n’étant pas autre chose que les âmes des hommes, ils ne peuvent naturellement pas devenir parfaits en quittant leur corps ; jusqu’à ce qu’ils aient progressé, ils conservent les imperfections de la vie corporelle ; c’est pourquoi on en voit de tous les degrés de bonté et de méchanceté, de savoir et d’ignorance.

Les Esprits se communiquent généralement avec plaisir, et c’est pour eux une satisfaction de voir qu’on ne les a pas oubliés ; ils décrivent volontiers leurs impressions en quittant la terre, leur nouvelle situation, la nature de leurs joies et de leurs souffrances dans le monde où ils se trouvent ; les uns sont très heureux, d’autres malheureux, quelques-uns même endurent d’horribles tourments, selon la manière dont ils ont vécu, et l’emploi bon ou mauvais, utile ou inutile, qu’ils ont fait de la vie. En les observant dans toutes les phases de leur nouvelle existence, selon la position qu’ils ont occupée sur la terre, leur genre de mort, leur caractère et leurs habitudes comme hommes, on arrive à une connaissance sinon complète, du moins assez précise du monde invisible pour se rendre compte de notre état futur, et pressentir le sort heureux ou malheureux qui nous y attend.


11. — Les instructions données par les Esprits d’un ordre élevé sur tous les sujets qui intéressent l’humanité, les réponses qu’ils ont faites aux questions qui leur ont été proposées, ayant été recueillies et coordonnées avec soin, constituent toute une science, toute une doctrine morale et philosophique sous le nom de Spiritisme. Le Spiritisme est donc la doctrine fondée sur l’existence, les manifestations et l’enseignement des Esprits. Cette doctrine se trouve exposée d’une manière complète dans le Livre des Esprits pour la partie philosophique, dans le Livre des Médiums pour la partie pratique et expérimentale, et dans l’Évangile selon le Spiritisme pour la partie morale. On peut juger, par l’analyse que nous donnons ci-après de ces ouvrages, de la variété, de l’étendue et de l’importance des matières qu’elle embrasse.

Ainsi qu’on l’a vu, le Spiritisme a eu son point de départ dans le phénomène vulgaire des tables tournantes ; mais comme ces faits parlent plus aux yeux qu’à l’intelligence, qu’ils éveillent plus de curiosité que de sentiment, la curiosité satisfaite, on s’y est d’autant moins intéressé qu’on ne les comprenait pas. Il n’en a plus été de même quand la théorie est venue en expliquer la cause ; quand surtout on a vu que de ces tables tournantes, dont on s’était un instant amusé, sortait toute une doctrine morale parlant à l’âme, dissipant les angoisses du doute, satisfaisant à toutes les aspirations laissées dans le vague par un enseignement incomplet sur l’avenir de l’humanité, les gens sérieux ont accueilli la nouvelle doctrine comme un bienfait, et dès lors, loin de décliner, elle a grandi avec une incroyable rapidité ; dans l’espace de quelques années, elle a rallié dans tous les pays du monde, et surtout parmi les gens éclairés, d’innombrables partisans qui augmentent tous les jours dans une proportion extraordinaire, de telle sorte qu’on peut dire aujourd’hui que le Spiritisme a conquis droit de cité ; il est assis sur des bases qui défient les efforts de ses adversaires plus ou moins intéressés à le combattre et la preuve en est que les attaques et critiques n’ont pas ralenti sa marche un seul instant : ceci est un fait acquis à l’expérience, et dont les opposants n’ont jamais pu rendre raison ; les Spirites disent tout simplement que s’il se propage malgré la critique, c’est qu’on le trouve bon et qu’on préfère son raisonnement à celui de ses contradicteurs.


12. — Le Spiritisme, pourtant, n’est point une découverte moderne ; les faits et les principes sur lesquels il repose se perdent dans la nuit des temps, car on en trouve les traces dans les croyances de tous les peuples, dans toutes les religions, dans la plupart des textes des écrivains sacrés et profanes ; seulement les faits, incomplètement observés, ont souvent été interprétés selon les idées superstitieuses de l’ignorance, et l’on n’en avait pas déduit toutes les conséquences.

En effet, le Spiritisme est fondé sur l’existence des Esprits, mais les Esprits n’étant autres que les âmes des hommes, depuis qu’il y a des hommes il y a des Esprits ; le Spiritisme ne les a ni découverts, ni inventés. Si les désincarnés peuvent se manifester aux vivants c’est que cela est dans la nature, et dès lors ils ont dû le faire de tout temps ; aussi de tout temps et partout trouve-t-on la preuve de ces manifestations, qui abondent surtout dans les récits bibliques.

Ce qui est moderne, c’est l’explication logique des faits, la connaissance plus complète de la nature des Esprits de leur rôle et de leur mode d’action, la révélation de notre état futur, enfin sa constitution en corps de science et de doctrine et ses diverses applications. Les Anciens connaissaient le principe, les Modernes connaissent les détails. Dans l’antiquité, l’étude de ces phénomènes était le privilège de certaines castes qui ne les révélaient qu’aux mités à leurs mystères ; dans le moyen âge, ceux qui s’en occupaient ostensiblement étaient regardés comme sorciers et on les brûlait ; mais aujourd’hui il n’y a de mystères pour personne, on ne brûle plus personne ; tout se passe au grand jour, et tout le monde est à même de s’éclairer et de pratiquer, car les médiums se trouvent partout.

La doctrine même qu’enseignent les esprits aujourd’hui n’a rien de nouveau ; on la trouve par fragments chez la plupart des philosophes de l’Inde, de l’Egypte et de la Grèce, et tout entière dans l’enseignement du Christ.


13. — Que vient donc faire alors le Spiritisme ? Il vient confirmer de nouveaux témoignages, démontrer par des faits, des vérités méconnues ou mal comprises,  rétablir dans leur véritable sens celles qui ont été mal interprétées.

Le Spiritisme n’apprend rien de nouveau, c’est vrai ; mais n’est-ce rien que de prouver d’une manière patente, irrécusable, l’existence de l’âme, sa survivance au corps, son individualité après la mort, son immortalité, les peines et les récompenses futures ?

Que de gens croient à ces choses, mais y croient avec une vague arrière-pensée d’incertitude, et se disent dans leur for intérieur : “Si pourtant cela n’était pas !” Combien ont été conduits à l’incrédulité parce qu’on leur a présenté l’avenir sous un aspect que leur raison ne pouvait admettre ! N’est-ce donc rien pour le croyant chancelant de pouvoir se dire : « Maintenant je suis sûr ! » pour l’aveugle de revoir la lumière ? Par les faits et par sa logique, le Spiritisme vient dissiper l’anxiété du doute, et ramener à la foi celui qui s’en était écarté, en nous révélant l’existence du monde invisible qui nous entoure, et au milieu duquel nous vivons sans nous en douter, il nous fait connaître, par l’exemple de ceux qui ont vécu, les conditions de notre bonheur ou de notre malheur à venir, il nous explique la cause de nos souffrances ici-bas et le moyen de les adoucir. Sa propagation aura pour effet inévitable la destruction des doctrines matérialistes qui ne peuvent résister à l’évidence. L’homme, convaincu de la grandeur et de l’importance de son existence future qui est éternelle, la compare à l’incertitude de la vie terrestre, qui est si courte, et s’élève, par la pensée, au-dessus des mesquines considérations humaines ; connaissant la cause et le but de ses misères, il les supporte avec patience et résignation, parce qu’il sait qu’elles sont un moyen d’arriver à un état meilleur. L’exemple de ceux qui viennent d’outre-tombe décrire leurs joies et leurs douleurs, en prouvant la réalité de la vie future, prouve en même temps que la justice de Dieu ne laisse aucun vice sans punition ni aucune vertu sans récompense.


14. — Ajoutons enfin que les communications avec les êtres chéris que l’on a perdus procurent une douce consolation en prouvant non seulement qu’ils existent, mais qu’on en est moins séparé que s’ils étaient vivants et dans un pays étranger.

En résumé, le Spiritisme adoucit l’amertume des chagrins de la vie ; il calme les désespoirs et les agitations de l’âme, dissipe les incertitudes ou les terreurs de l’avenir, arrête la pensée d’abréger la vie par le suicide ; par cela même, il rend heureux ceux qui s’en pénètrent, et c’est là le grand secret de sa rapide propagation.


15. — Au point de vue religieux, le Spiritisme a pour base les vérités fondamentales de toutes les religions : Dieu, l’âme, l’immortalité, les peines et les récompenses futures ; mais il est indépendant de tout culte particulier. Son but est de prouver à ceux qui nient ou qui doutent que l’âme existe, qu’elle survit au corps ; qu’elle subit après la mort les conséquences du bien et du mal qu’elle a faits pendant la vie corporelle, or, ceci est de toutes les religions.

Comme croyance aux esprits, il est également de toutes les religions, de même qu’il est de tous les peuples puisque, partout où il y a des hommes, il y a des âmes ou esprits ; que les manifestations sont de tous les temps, et que le récit s’en trouve dans toutes les religions sans exception. On peut donc être catholique, grec ou romain, protestant, juif ou musulman, et croire aux manifestations des Esprits, et par conséquent être Spirite ; la preuve, c’est que le Spiritisme a des adhérents dans tous les groupes d’études spirituelles.

Comme morale, il est essentiellement chrétien, parce que celle qu’il enseigne n’est que le développement et l’application de celle du Christ, la plus pure de toutes, et dont la supériorité n’est contestée par personne, preuve évidente qu’elle est la loi de Dieu : or, la morale est à l’usage de tout le monde.

Le Spiritisme étant indépendant de toute forme de culte, n’en prescrivant aucun, et ne s’occupant pas des dogmes particuliers, n’est pas une religion spéciale, car il n’a ni ses prêtres, ni ses temples. A ceux qui lui demandent s’ils font bien de suivre telle ou telle pratique, il répond : Si vous croyez votre conscience engagée à le faire, faites-le : Dieu tient toujours compte de l’intention. En un mot, il ne s’impose à personne ; il ne s’adresse pas à ceux qui ont la foi, et à qui cette foi suffit, mais à la nombreuse catégorie des incertains et des incrédules ; il ne les enlève pas à l’Église, puisqu’ils s’en sont séparés moralement en tout ou en partie : il leur fait faire les trois quarts du chemin pour y entrer ; c’est à elle de faire le reste. n


16. — Le Spiritisme combat, il est vrai, certaines croyances telles que l’éternité des peines, le feu matériel de l’enfer, la personnalité du diable, etc ; mais n’est-il pas certain que ces croyances, imposées comme absolues, ont de tout temps fait des incrédules et en font tous les jours ? Si le Spiritisme, en donnant de ces dogmes et de quelques autres une interprétation rationnelle, ramène à la foi ceux qui la désertent, ne rend-il pas service à la religion ? Aussi un vénérable ecclésiastique disait-il à ce sujet : “Le Spiritisme fait croire à quelque chose ; or, il vaut mieux croire à quelque chose que de ne rien croire du tout.”


17. — Les Esprits n’étant autres que les âmes, on ne peut nier les Esprits sans nier l’âme. Les âmes ou Esprits étant admis, la question réduite à sa plus simple expression est celle-ci : Les âmes de ceux qui sont morts peuvent-elles se communiquer aux vivants ? Le Spiritisme prouve l’affirmative par les faits matériels ; quelle preuve peut-on donner que cela n’est pas possible ? Si cela est, toutes les négations du monde n’empêcheront pas que cela soit, car ce n’est ni un système, ni une théorie, mais une loi de la nature ; or, contre les lois de la nature, la volonté de l’homme est impuissante ; il faut bon gré mal gré en accepter les conséquences, et y conformer ses croyances et ses habitudes.



[1] [Voir Le Livre des Médiums.]


[2] Il en est de même pour la parole.


[3] [Voir la note 3 de la Revue spirite, septembre 1867.]


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